jeudi 20 octobre 2011

Discours de la manifestation du 8 Octobre 2011 à Lille



La maison du Peuple Flamand, au nom de laquelle je parle exclusivement, puissance invitante aujourd’hui, est heureuse de vous accueillir aussi nombreux, et aussi déterminés, dans notre bonne ville de Lille.
Si nous sommes à Lille aujourd’hui, ce n’est pas le fait du hasard. C’est parce que Lille est la ville natale d’un grand homme. Même de  plusieurs en vérité. Mais celui qui nous intéresse aujourd’hui, et devant la statue duquel nous sommes, s’appelait Roger Salengro. Il fut autrefois maire de Lille, et ministre du Front Populaire.
Mais plus que l’homme, ce sont ses actes qui retiennent aujourd’hui notre attention. Alors, il est temps de corriger quelques petits raccourcis historiques, et de rétablir quelques vérités, car nous ne saurions rien construire de neuf et de viable si nous nous contentons de légendes et d’approximations.
Lorsque nos détracteurs nous disent que Roger Salengro n’est pas le père de la loi qui introduisit le principe de préférence nationale en France en matière de travail, ils ont à la fois raison et tord.
Raison car la loi qui a été réellement votée, n’as pas été présenté par Roger Salengro. Elle s’en inspire, certes, mais n’en reprends pas tous les éléments.
Mais tord aussi, car si Salengro ne fait pas passer sa loi, du moins en a-t-il proposé une toute proche.
L’époque, nous sommes en 1931, est difficile pour les travailleurs Français. La première crise économique capitaliste d’ampleur internationale vient de passer par là, semant doute et misère partout. L’objectif est alors, pour les socialistes, de préserver autant que faire se peut l’emploi des français d’abord. Réflexe naturel qui fait l’unanimité à l’époque, car nous ne nous sommes pas encore fourvoyé dans des idéologies stupides et contre nature.
Ils proposent donc deux mesures, dont seule la première sera reprise par la suite. Quelle est cette première mesure ? Il s’agit de limiter dans les entreprises la présence de travailleurs étrangers à 10% du personnel. C’est ni plus ni moins l’application de la préférence nationale, ni plus ni moins que l’application d’une mesure de bon-sens qui dit : les nôtres, notre peuple, doit pouvoir accéder en priorité à l’emploi, car c’est à lui que nous devons penser d’abord.
La seconde, et qui n’a pas été retenue dans le texte voté par la suite, précise qu’il doit y avoir égalité de salaire entre les travailleurs français et étrangers. Et c’était une mesure intelligente ! Car, loin d’un humanisme bêlant tel qu’on le connait de nos jours, le but était alors de rendre l’appel à la main d’œuvre étrangère inutile. Car, si l’on doit payer un étranger le même prix que ce qu’on paiyerait un français, à quoi bon embaucher un étranger ? Il n’y a plus d’intérêt financier pour le grand patronat, et on coupe l’herbe sous les pieds de tous ces industriels indélicats qui seraient tentés de faire passer leurs bénéfices avant l’intérêt commun.
Voilà l’héritage de Roger Salengro ! Voilà l’œuvre, réelle, de celui qui fut tant aimé de ses administrés, tant aimé des Lillois. Car il a consacré toute sa vie à améliorer les conditions d’existence de ses compatriotes, soutenant leurs revendications, les aidant financièrement pendant les grèves, se vouant corps et âme à son peuple.
Le 17 novembre 1936, Roger Salengro est à Lille. Il est depuis quelques temps ministre de l’intérieur du Front Populaire. Il rentre chez lui, au 16 boulevard Carnot, et se prépare à rejoindre Paris dans quelques jours. Là, il croise un lillois qui le reconnait, l’insulte et lui crache à la figure. Pourquoi ? Lui qui a tant donné ?
Parce que depuis plusieurs années, un soupçon pèse sur Roger Salengro. D’abord lancée en 1923 par les communistes, tous ses ennemis s’emparent par la suite de cette histoire et monte une campagne énorme contre le ministre.
Rendez-vous compte : Roger Salengro aurait déserté le front en 1915. En réalité, il a été fait prisonnier, mais la rumeur monte et s’amplifie dans tout le pays, jusqu’à ce crachat de mépris et de haine contre le pleutre supposé.
Roger Salengro rentre chez lui, où il vit seul depuis le décès de son épouse 18 mois plus tôt. Il met son chat à l’abri, écris deux lettres d’adieux, puis ouvre le robinet du gaz de ville, et meurt.
Il est mort car pour cette race d’hommes, les notions d’honneur et de probités avaient encore un sens. Pour cette race d’hommes, on ne tentait pas de laver son nom en passant chez Claire Chazal.
Et on voudrait nous renier le droit, aujourd’hui, de lui rendre hommage ! Mais nous sommes les héritiers de tels hommes, et nous en sommes fiers ! Salengro n’appartiens pas au parti socialiste, pas plus que ce dernier ne peut se réclamer du SFIO ou du Front Populaire !
Alors que nous, nous sommes légitimes ! Nous sommes légitimes parce que nous faisons notre part du contrat, nous tenons notre rang !
Nous sommes légitimes car nous sommes ceux qui créent la richesse de ce pays. Et oui, le PIB, c’est nous !
Nous sommes légitimes car nous sommes solidaires !
Solidaires de nos anciens, solidaires de ceux qui sont malades, solidaires de ceux d’entre nous qui n’ont pas de travail, parce qu’ils sont trop jeunes, parce qu’ils sont trop vieux, parce qu’ils sont trop pâles pour Mme Lauvergeon et autres, parce qu’ils ont été, tout simplement, sacrifiés sur l’autel du toujours plus de pognon, qu’ils ont été broyés par la recherche du profit maximum pour un minimum de privilégiés.
Nous sommes solidaires car nous sommes l’armée des « sans », s.a.n.s. Nous sommes les sans-grades ! Nous sommes les sans-culotte de 1789, nous sommes les sans-chemises,  les descamisados chers à Evita, nous sommes les Canuts, qui allons pied-nu, de Lyon !
Aujourd’hui est un jour historique. C’est un hommage, c’est vrai, à Roger Salengro et à tous ceux qui, à son image, ont lutté pour les travailleurs français, mais c’est aussi une invitation.
Invitation à la lutte et au combat, car si nous ne sommes des nostalgiques de rien, si nous ne sommes attachés à aucun folklore, juste à des traditions, nous connaissons notre histoire et savons bien qu’il n’y a jamais eu de progrès social pour notre peuple sans lutte et sans combat ; mais que sans lutte et sans combat, on peut tout perdre !
La maison Flamande et Opstaan sont fiers de se mettre aujourd’hui dans les rangs de la résistance, au côté de nos camarades, pour, tous ensembles faire Front, un Front Populaire et Solidariste.
 
Luc Pecharman.