dimanche 9 janvier 2011

Emotion dans le landernau politique Lommois

Photo Ville de Lomme
Emotion feinte, il est vrai, puisque l’annonce du départ anticipé du maire Yves Durand et son remplacement par Roger Vicot en 2012 était un secret de polichinelle. Depuis plusieurs années, l’exécutif lommois se résumait à trois hommes : Durand, Vicot et Delmotte. Le trio avait même hérité, au sein de sa propre famille politique, du surnom de « DVD » pour désigner les seuls décideurs locaux.
Petit à petit, par son sens aigu de la communication et son implication dans la ville tutrice de Lille, Roger Vicot s’est imposé comme l’homme pouvant prendre la place du maire.
Toutefois, l’actuel maire dit ne céder sa place qu’en cas de réélection comme député de la 11ème circonscription du Nord. Réélection qui ne devrait pas poser beaucoup de problème, au moins sur le papier, car la 11ème circonscription a été modifiée en 2010 et perd le canton de La Bassée (à droite) au bénéfice de celui de Lille-Sud-ouest (à gauche). Sachant que le principal opposant de droite contre Yves Durand, aux législatives, était justement le maire de La Bassée, on voit assez mal quel représentant de l’UMP pourra émerger d’ici un an.
Bien sûr, Yves Durand justifie sa volte-face (car il avait promis de terminer son mandat) par l’excuse, un peu boiteuse à mes yeux, que les militants socialistes ont voté en juin dernier contre le cumul des mandats de député et de maire. Et de répondre aux journalistes qui lui demandent pourquoi choisir la députation plutôt que la magistrature locale : « … compte tenu du découpage des nouvelles circonscriptions, il valait mieux pour le PS quelqu'un qui soit fortement implanté. De plus, l'année 2012 va être fondamentale au niveau national puisque les législatives suivront les présidentielles, il va falloir des gens d'expérience. » in la Voix du Nord du 7-01-2011.[1] Langue de bois ?
Donc, toujours sur le papier, Roger Vicot a toutes les chances de devenir maire de Lomme l’année prochaine.
Mais qui est Roger Vicot ?
Elu socialiste, premier adjoint d’Yves Durand à Lomme depuis 2008 en charge des questions de sécurité et de l’action culturelle, il est surtout connu pour son engagement comme adjoint de la sécurité de la ville de Lille. Il décroche aussi en 2008 le fauteuil de conseiller général du canton de Lomme, siège ravi à Denis Vinckier (Modem) qui ne l’avait obtenu en 2001 au détriment du PS que grâce à sa campagne anti-fusion. Denis Vinckier a d’ailleurs depuis rejoint la majorité socialiste au conseil communal de Lomme et d’ores et déjà annoncé son soutien à … Roger Vicot (ils sont même amis sur Facebook, c’est vous dire !).
Roger Vicot est l’auteur d’un essai, paru en 2006 : « Pour une sécurité de gauche – Une sécurité républicaine contre la République sécuritaire »
Sur le plan humain, c’est une autre histoire. Lisons ce qu’en rapporte Muriel Clerbout (PC) dans l’édition de ce jour de la Voix du Nord : « Roger Vicot, il délègue pour l'action mais pas pour le résultat. Il travaille beaucoup avec les autres mais ensuite on ne voit que lui sur la photo. » Ou encore Eric Cattelin Denu (opposition) : « … Roger Vicot ne supporte pas la contradiction. »[2] Même Yves Durand semble conscient du problème majeur de son poulain : « … Mais il peut paraître parfois distant. Il va peut-être falloir qu'il force sa nature dans ses rapports aux gens » in la Voix du Nord du 27-12-2010[3]. A titre personnel, Roger Vicot est l’un des deux seuls élus lommois à toujours avoir refusé de me serrer la main, confondant sans doute la lutte contre les idées et le mépris des hommes.
La ville de Lomme s’apprête donc à échanger un monsieur Education contre un monsieur Sécurité. Mais un monsieur sécurité qui, s’il se veut plus moderne que le reste du PS et assume sans sourcilier une certaine fermeté vis-à-vis des délinquants et criminels, n’en reste pas moins un adepte de la recherche des causes de l’insécurité dans des facteurs économiques et sociétaux. Erreur de jugement qui a, en grande partie, causé la défaite du candidat Jospin à la présidentielle de 2002.
L’opposition (fantôme) de Lomme affirme enfin qu’elle eut préféré Didier Delmotte comme successeur d’Yves Durand. C’est encore une fois un non-sens et une preuve supplémentaire de sa faiblesse politique. Car si l’un ou l’autre sont des socialistes partageant une vision commune de ce que doit être notre ville, il est beaucoup plus utile, pour le débat et la démocratie, d’avoir à affronter celui qui semble trempé dans l’acier le plus solide ; le plus sectaire des deux.
A vrai dire, cette nouvelle (qui n’en est pas une pour les observateurs attentifs de la vie politique locale) me ravit même car si elle ne va rien changer pour l’instant dans la vie quotidienne des Lommois, elle promet un combat plus rude et plus argumenté en 2014. Mais n’est-ce pas cela qui fait tout l’intérêt de la vie politique ?

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