vendredi 2 avril 2010

Du combat électoral

Le fait marquant des dernières élections régionales est la part grandissante de l’abstention. D’élections en élections, de moins en moins d’électeurs participent aux scrutins.
De toutes les raisons avancées par les uns et les autres, je pense que les modes de scrutins particulièrement injustes appliqués dans notre « démocratie » sont une des principales causes de cette défection des électeurs. Le pouvoir, qu’il soit de droite ou de gauche, s’évertue à compliquer les règles du jeu et à écarter des assemblées les formations autres que l’UMP et le PS. Ainsi, tout citoyen ne se reconnaissant pas dans l’un ou l’autre de ces grands partis est quasiment assuré de n’être pas représenté. Dans ces conditions, à quoi bon se déplacer ?
Et, prenant le prétexte (juste il est vrai) de la complexité des différentes compétences des assemblées locales, le législateur (élu selon un mode de scrutin tout aussi inique) en profite pour pondre une assemblée territoriale assortie d’un système d’élection extravagant. Majoritaire par territoire pour 80% des sièges, les 20% restants étant attribués à la proportionnelle.
Toujours dans le même souci de basculer vers un paysage politique bipartite, certains élus proposent aujourd’hui l’interdiction des triangulaires lors des élections législatives. Plus désireux de conserver leurs mandats que de servir leur peuple.
A ces magouilles s’ajoute un mépris absolu des décisions communes, à l’exemple de la ratification du traité de constitution européenne contre la volonté des Français. Sûr qu’après de tels agissements, l’électeur qui n’était déjà pas enthousiaste se détournera complètement des urnes. Et si en plus il pleut…
Mais le combat électoral demeure incontournable.
En effet, certains de nos amis prônent le militantisme sans le combat électoral. Ils avancent plusieurs arguments. Le principal est d’expliquer que les gouvernants s’évertuent à compliquer les règles pour nous empêcher d’accéder aux responsabilités et nous cantonner à des rôles subalternes.
C’est vrai et, nous l’avons vu, ça ne va pas vraiment s’arranger dans les années qui arrivent. Mais il n’y a pas d’alternative, il n’existe à l’heure actuelle aucune autre voie pour se faire entendre et légitimer son action.
Le militantisme sans les élections, c’est de la masturbation.
Leur deuxième argument est que les élections corrompent. Que les deux écueils sont soit de ne plus s’attacher qu’aux élections (à l’image du FN) en oubliant toutes les autres facettes du militantisme, soit de ne plus chercher qu’à se faire réélire au détriment de ses convictions et de l’intérêt des électeurs. Encore une fois tout cela est juste, mais il est tout à fait possible de se présenter devant les électeurs sans oublier les autres dimensions du combat militant. L’enracinement local, l’engagement social ne sont pas en contradiction avec l’engagement électoral. Quand au second cas, celui où notre élu vend son âme pour garder son siège, et bien tant mieux ! Nous n’avons que faire des égoïstes et des carriéristes, et c’est un bon moyen pour les démasquer.
Le combat électoral est une nécessité car, même si la règle est fixée par l’adversaire, il permet de ne pas laisser les partis traditionnels prospérer en paix sur les actions ou les idées des autres, il permet l’accès à des tribunes régulières.
Si, à mon grand regret, mes amis et moi-même n’avons pas pu défendre nos valeurs lors du dernier scrutin dans la région, ce n’est certainement pas par refus du « jeu » électoral et nous serons tous bien présents dans nos cantons l’année prochaine.

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