vendredi 22 juin 2012

Où la liberté s’étiole


Interdits des urnes, interdits de rues, quel espace reste-t-il aux mouvements nationalistes (et assimilés) en France ?
Le pouvoir socialiste n’aura pas tardé à verrouiller les quelques espaces de liberté qui restaient encore. Les urnes sont de fait inaccessibles aux mouvements réellement nationalistes par un double phénomène.
Tout d’abord le choix des modes de scrutin qui, loin d’être innocent, soumet directement le résultat de toute consultation électorale à un vrai déni de démocratie. De toutes nos institutions, peu sont réellement accessibles.
Les assemblées parlementaires en premier lieu nous en donnent la démonstration à chaque scrutin. Le Sénat est élu par de grands électeurs eux-mêmes issus du filtre des scrutins locaux. La majorité du corps électoral est issue des assemblées municipales, dont la détermination passe par un puissant correcteur démocratique dénommé la prime au vainqueur. En clair, ça signifie que lors d’une élection municipale, d’où proviennent les grands électeurs, la liste arrivée en tête rafle la moitié des sièges disponibles plus un nombre d’élus proportionnel à son résultat propre sur la seconde moitié. Par exemple, après un second tour avec 3 listes en présence, celle arrivée avec 40% des voix devant la seconde qui n’en obtient que 39% détiendra (50%+(40% de 50%)) 70% des sièges contre 20% pour la seconde liste. Mécaniquement, ce déséquilibre se répercute sur les résultats des élections sénatoriales.
Ce n’est pas mieux pour l’Assemblée Nationale, qui n’a de nationale que le nom et qui ne mérite certainement pas la circonlocution journalistique de « représentation nationale » trop souvent utilisée pour la désigner. Nous en avons encore eu la preuve il y a quelques jours, le scrutin uninominal à deux tours est profondément anti-démocratique. Pour s’en convaincre, au-delà des résultats de la semaine dernière qui sont assez parlants, un simple raisonnement inductif le confirme. En deux mots, imaginons une assemblée composée de 100 circonscriptions (dont le nombre d’électeurs est le même) dans une nation ou deux partis s’affrontent. On sait que le premier, que nous appellerons A, obtient 60% des suffrages. Le second, B, 40%. Si on élit les représentants à l’assemblé avec un système proportionnel, on retrouve 60 députés A et 40 députés B. Si un utilise un scrutin uninominal majoritaire (pour le coup à un seul tour puisqu’il n’y a que deux candidats dans chaque circonscription, mais ça fonctionne aussi avec deux tours), on peut rencontrer plusieurs cas qui biaiseront le résultat.
1/ La proportion des électeurs de chaque parti est la même dans toute les circonscriptions qu’au niveau national. Dans ce premier cas de figure, c’est un député du parti A qui l’emporte dans toutes les circonscriptions. Et donc le parti B qui est pourtant une opposition importante ne sera pas représenté à l’assemblée !
2/ Les votes sont très différents selon les circonscriptions, la proportion nationale étant toujours la même. Ainsi, dans une minorité de circonscription (45), le représentant du parti A arrive largement en tête avec 75% des voix, mais les candidats de ce même parti sont tous battus de peu (48% contre 52% pour leurs adversaires B) dans les 55 circonscriptions restantes. Ainsi, avec la même proportion de vote national  (60% pour A et 40% pour B), c’est le parti B qui remporte les élections avec 55% des sièges.
On comprends aisément qu’un même système électoral qui peut tout à la fois déboucher sur l’absence totale d’opposition (cas que nous connaissons le plus souvent en France) ou donner la victoire à un parti pourtant minoritaire n’a que peu de valeur démocratique. Quand à l’argument des tenants du système actuel qui consiste à mettre en avant la nécessité de dégager une vraie majorité à chaque législature, il ne tient pas si un des résultats possibles est de remettre le pouvoir entre des mains illégitimes.
Le même argument de la nécessité absolue de dégager une majorité nette est utilisé pour justifier aussi la prime au vainqueur, à laquelle j’ai fait référence plus tôt, lors des consultations municipales. Ainsi 1% d’écart entre deux listes (même moins d’ailleurs, une seule voix d’écart !) aboutissent à un déséquilibre proprement ahurissant en terme de nombre d’élus, du simple au triple parfois. Pourtant la grande majorité de nos voisins utilisent un système proportionnel sans bloquer pour autant la vie communale locale.
Pour ceux d’entre vous qui souhaiteraient approfondir cette réflexion sur les différents modes de scrutin, sachez enfin qu’à côté des deux systèmes majoritaire et proportionnel, il existe d’autres systèmes moins connus comme le vote pondéré. Sur les diverses méthodes existantes, arrêtons-nous quelques instants sur la méthode Borda. Imaginons le résultat d’une triangulaire ou le candidat A a obtenu 40% des suffrages, le candidat B 39% et le C 21%. Dans le mode actuel retenu en France, le candidat A est élu car arrivé en tête. La méthode Borda permet de tenir compte des préférences réelles des électeurs. Ainsi, au lieu de leur demander pour quel candidat ils veulent voter, on leur demande de les classer par ordre de préférence.
Imaginons le résultat suivant :
30% pour A puis C puis B
10% pour A puis B puis C
30% pour B puis C puis A
09% pour B puis A puis C
10% pour C puis A puis B
11% pour C puis B puis A
On retrouve bien le même résultat global (40% pour A, 39% pour B et 21% pour C)
Application de la méthode Borda :
On attribue 3 points à chaque fois que le candidat arrive en tête, 2 en seconde position et 1 en dernière.
Candidat
1er
2ème
3ème
Total
A
40x3= 120
19x2=38
41
120+38+41=199
B
39x3=117
21x2=41
40
117+41+40=198
C
21x3=63
60x2=120
19
63+120+19=202
 La méthode Borda détermine que c’est le candidat C qui, in fine, correspond le plus au choix des électeurs. C’est une méthode similaire qu’utilisait le Sénat Romain jusqu’en l’an 105.
Toute cette démonstration pour prouver que le choix du système de scrutin est prépondérant en démocratie, et que notre courant de pensé est volontairement tenu à l’écart du jeu démocratique.

Le second phénomène majeur qui nous empêche durablement de siéger dans quelque assemblée que ce soit est la présence indiscutable d’une force politique à vocation hégémoniste, et dont la prépondérance est soigneusement entretenue par le système. En effet le Front National joue, au corps défendant d’une majorité de ses militants et électeurs, le rôle d’aimant à vote nationaliste. La plupart de nos camarades qui ont essayé de faire entendre une voix différente lors des élections s’en sont rendu compte. Quel que soit le candidat, le simple fait de lui appliquer une flamme tricolore sur l’affiche de propagande l’assure de faire la quasi-totalité des voix du vote nationaliste. Or, cette suprématie des urnes est, on le sait, démentie dans les faits. Car il y a autant, si ce n’est plus, de vie militante hors que dans le FN. Pourquoi ? Parce que c’est l’intérêt bien compris du système politico-journalistique que de maintenir l’illusion d’un FN nationaliste et protestataire pour étouffer, sciemment, toute velléité de réflexion propre de la part du peuple. Ainsi, la machine médiatique ne parle que de lui, ne voit que lui, s’en sert à l’envie positivement lorsqu’il s’agit de capter les voix natios et négativement si d’aventure il venait à prendre trop d’importance.
Cette double stratégie du blocage des urnes et du miroir aux alouettes est suffisamment puissante pour nous interdire toute vie publique durablement. Ou du moins tant qu’il y aura des complicités au sein de ceux qui devraient défendre les mêmes idées que nous mais qui préfèrent abandonner leurs convictions contre un peu de respectabilité.

Mais jusqu’à présent, il restait un second atout dans notre manche : les manifestations et l’agitation de rue. Puisque nos forces militantes, toutes chapelles confondues, sont inversement proportionnelles à notre force électorale, la rue devenait la vitrine naturelle de la pensée non-conforme. Las, même elle commence à nous être interdite. Nos camarades Lyonnais viennent ainsi de se voir une nouvelle fois privés de manifestation, même s’ils ont bien fait de maintenir le rassemblement prévu. Ce nouvel épisode, le second en un mois, tend à prouver qu’il sera de plus en plus difficile, sous le nouveau pouvoir, de continuer à s’exprimer publiquement. Car si la liberté de manifester n’est pas remise en cause directement, les préfets vont user et abuser du prétexte fallacieux du risque de trouble à l’ordre public pour chasser le peuple de la rue. Prétexte que les anarcho-communistes ont déjà parfaitement intégré. Il leur suffit maintenant de prévoir une soi-disant contre-manifestation pour donner au système qu’ils servent toutes les bonnes raisons de nous censurer. Je ne peux d’ailleurs pas m’empêcher, en écrivant ces lignes, de faire quelques connexions avec les paragraphes précédents et de me remémorer la façon dont une conseillère régionale du grand parti hégémonique cité ci-dessus avait tenté de désinformer certains camarades pour leur faire croire que la manifestation que nous organisions le 8 octobre à Lille était annulée. Ressentiment personnel ? Collusion d’intérêt avec le système ? Sans tomber dans la paranoïa, la question reste posée.

Quel espace de liberté reste t-il donc aux femmes et aux hommes libres ?
Peut-être celui-là, l’écran sur lequel vous êtes en train de lire ces lignes. Internet. Mais là non plus, rien n’est sûr.
En premier lieu car c’est peut-être un outil formidable, mais ne nous leurrons pas non plus, il touche principalement des camarades ayant déjà pris conscience de l’état du monde. Il est efficace pour nous permettre de communiquer entre nous, de nous concerter, de nous engueuler parfois, mais il ne sert que peu à ramener de nouveaux sympathisants. Il réclame de faire un effort de recherche d’information, il ne s’impose pas comme le fait un élu ou une manifestation.
En second lieu, les évènements récents doivent nous rappeler la précarité de ce que l’on qualifie parfois d’espace de liberté. Souvenons-nous entre autre de la volonté de l’ex-président Sarkozy de contrôler la toile, et de faire la chasse à la pensée non-conforme. Sous prétexte bien entendu de lutte contre la pédophilie et le terrorisme. Comme si les pédophiles et les terroristes avaient attendu internet. La chasse aux sorcières numériques n’est qu’une question de temps, et assoir la totalité de son activité militante sur ce seul médium serait une erreur majeure.

En tout état de cause, les pistes restantes devenant plus rares, il ne reste plus guère que les bonnes vieilles méthodes de propagande (tractage, affichage, etc.) et la diffusion de nos idées par des biais plus ingénieux (monde associatif, monde du travail, etc.)
Ou alors nous défendre, mais jusqu’où serons nous prêts à aller pour sauvegarder nos libertés face aux assauts du système ? Réponse dans quelques mois…

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